Lauréat.e.s

Lauréate 2004
Renate Costa
Renate Costa, jeune cinéaste de 23 ans du Paraguay, s’est également mérité une bourse de 5 000 $US pour son projet intitulé Cuchillo de palo (Couteau de bois). Le jury a souligné l’originalité du traitement et de l’écriture cinématographique de ce projet, ainsi que l’importance de ce film qui, à partir d’une histoire personnelle et politique, racontera la discrimination et la répression dont ont été victimes les homosexuels au Paraguay, en particulier sous la dictature de Stroessner alors que leurs noms se retrouvaient sur les listes noires d’ennemis de la nation.
RÉSUMÉ DU PROJET
Nous avons trouvé son corps nu sur le plancher, reposant depuis quelques jours, une lettre à ses côtés. Je n’ai pas voulu le regarder. J’ai couru à sa garde-robe, à ses souvenirs. Mais il ne restait plus rien. Rodolfo Costa est le seul homme de ma famille qui ne voulait pas devenir forgeron comme grand-père… il voulait être artiste… Son destin a été marqué par la répression des années 70. Alors que partout dans le monde soufflait le vent de la libération, le Paraguay, au cœur de l’Amérique du Sud, vivait sous le joug de la terreur. Une nuit, Rodolfo pleura… et disparut.
Avant « Cuchillo de palo », aucun film n’avait été réalisé sur les 35 années de la dictature de Stroessner. Le silence pesait lourdement dans tout le pays. Le cinéma paraguayen est presqu’inexistant: à peine une douzaine de films en tout. Alors pouvoir compter sur un appui international pour démarrer un film a été merveilleux. Cela a renforcé mon projet et m’a donné la force de poursuivre cette longue route. La bourse de la Fondation Alter-Ciné est l’une de celles qui aide le plus un réalisateur dans le processus de création, à cause de la liberté et de la confiance qu’elle donne. C’est un soutien « les yeux fermés », inconditionnel. « Cuchillo de Palo » est né d’un processus intérieur intense d’acceptation. Un film où s’affrontent deux générations : celle qui a vécu la dictature et qui se tait; et celle qui vit sous la démocratie et n’a aucune idée de ce qui s’est passé. Filmer le présent a été un moyen de nous réconcilier avec notre passé, de comprendre un peu mieux d’où nous venons, et ainsi d’être plus près de qui nous sommes aujourd’hui.
– Renate Costa